Analyse 2021 de la
plateforme P2P Iuvo
- Écrit par
- Silvere
- •
- 5 février 2024
La plateforme P2P Iuvo est très régulièrement citée dans le Top 5 des portefeuilles par les investisseurs. C’est une plateforme que j’intègre personnellement dans mes investissements pour diversifier mon portefeuille. Mais j’attends de voir de quelle manière celle-ci va évoluer avant d’augmenter mon exposition sur cette place de marché à l’avenir.
Je vous propose de tenter de comprendre ce qui fait de Iuvo une plateforme si dynamique tout en mettant en lumière les améliorations que j’en attends.
Avertissement
Cette analyse de la plateforme P2P Iuvo est à 100% honnête. Je ne suis pas payé par cette plateforme ou quiconque pour partager mon expérience. Mon intention avec cette analyse est de documenter mon parcours et d’inspirer les autres de sorte qu’ils génèrent des revenus passifs grâce à leurs investissements. Plus d’infos sur cette page dédiée.
Bref aperçu de Iuvo
Iuvo Group OÜ est une plateforme de prêts “peer-to-peer” (prêts participatifs entre particuliers) fondée en août 2016 et basée à Tallinn en Estonie.
Son actionnaire majoritaire est l’entreprise Management Financial Group (MFG). Il s’agit d’une holding qui détient plusieurs sociétés spécialisées dans le domaine des services financiers non bancaires (FinTech) en Europe de l’Est : prêts personnels, financement de TPE/PME, cartes de crédit et d’autres modèles financiers alternatifs. Le groupe MFG est dirigé par Antonia Sabeva.
Globalement, les filiales de MFG emploient plus de 8 000 personnes dans environ 450 bureaux (Bulgarie, Ukraine, Roumanie, Pologne et Macédoine du Nord). Par ailleurs, le groupe se développe dans d’autres régions du monde comme la Russie, le Mexique et l’Espagne.
Pour ce qui concerne Iuvo, le CEO est Ivaylo Ivanov qui vient du monde de l’audit financier (PwC, Ernst&Young,…). Son équipe est composée d’une douzaine de personnes.
Depuis 2017, Iuvo a le statut d’intermédiaire de crédits agréé. Sa licence a été délivrée par l’autorité estonienne de surveillance financière (Finantsinspektsioon Estonia) suite à la décision n°4.2-1/133. Voilà pourquoi Iuvo a pour obligation légale de délivrer des rapports trimestriels à cette autorité financière.
Par ailleurs, ses processus et pratiques internes de contrôle des risques sont dûment audités par Grant Thornton. Ce cabinet d’audit est un leader mondial dans son domaine et représente le sixième plus grand réseau d’entreprises de comptabilité et de conseil dans le monde. À toutes fins utiles, les rapports annuels financiers sont disponibles pour les années 2017, 2018 et 2019.
En termes de récompenses, Iuvo a été classé en 3ème position de la catégorie “Best Starting Business” aux Forbes Business Awards Bulgarie en 2016 et 2017. Puis en 2019, la plateforme a atteint la deuxième place dans la catégorie “choix du public” du prestigieux AltFi Awards. Enfin, plus récemment, la plateforme a remporté le prix Entreprise de 2020 dans la catégorie Finance au prestigieux concours Forbes Business Awards.
Fonctionnement de Iuvo
Iuvo est une plateforme de prêts participatifs qui connecte des sociétés de prêts (entreprises qui prêtent des fonds à des emprunteurs) avec des investisseurs à la recherche d’opportunités d’investissement.
Il est de la responsabilité de ces sociétés de prêts, au nombre de 12, d’évaluer la solvabilité des emprunteurs, d’accorder leurs prêts puis de les proposer sur la plateforme. Via l’interface du site, les investisseurs vont ensuite parcourir les projets proposés et prendre leurs propres décisions d’investissement. Parmi ces 12 sociétés de prêts, plusieurs sont des filiales de MFG (EasyCredit, VivaCredit, iCredit Romania et iCredit Poland).
Selon la société de crédits à laquelle on s’intéresse, l’échéance des prêts peut grandement varier puisque cela peut aller de 1 mois à plusieurs années (5 ans pour le plus long de mon portefeuille). Pour ce qui concerne les taux d’intérêt, mes investissements ont des taux qui varient entre 9% et 13,3%.
Comme pour les autres plateformes, Iuvo se rémunère grâce à un pourcentage négocié avec la société de prêts. Ainsi, elle ne prélève aucune commission sur les investisseurs lorsque ceux-ci investissent.
Par contre, comme nous le verrons, l’entreprise prélève 1% si vous souhaitez revendre votre investissement avant son échéance sur leur marché secondaire.
Qui peut investir ?
La plateforme est ouverte aux investisseurs internationaux et vous pouvez souscrire tout à la fois comme particulier (majeur) ou comme entreprise. Dans les deux cas, il vous faut disposer d’un compte bancaire valide au sein de l’Union européenne ou dans des pays tiers considérés comme ayant des systèmes de AML/CFT (Anti-Money Laundering / Combating the Financing of Terrorism) équivalents à l’UE. Au total, cela représente tout de même une centaine de pays dans le monde.
Si vous vivez en dehors de l’Union européenne, il vous sera parfois plus simple d’ouvrir un compte bancaire gratuitement grâce à la banque en ligne N26 que j’utilise moi-même ou avec Transferwise (qui me sert également de temps en temps).
A ce jour, près de 24 000 investisseurs issus de 153 pays sont enregistrés sur la plateforme. Début 2021, c’est un total de 170M€ que ces investisseurs ont investi. Les investissements peuvent se faire dans différentes monnaies : en euro (EUR), en lev bulgare (BGN), en leu roumain (RON) et en zloty (PLN).
Si vous n’êtes pas issu de l’un des pays indiqués en vert, il vous sera peut-être possible d’investir de toute façon via la plateforme. Vous pourriez alors avoir intérêt à contacter l’assistance de Iuvo pour obtenir de l’aide.
Notons enfin que la plateforme est par défaut en anglais mais elle est disponible en allemand, en estonien, en bulgare et en espagnol.
Dans quoi investir ?
La plateforme P2P Iuvo propose d’investir à partir de 10€ dans des prêts dont la durée varie de quelques jours à plusieurs années. La durée des prêts se situe généralement entre 15 jours et 60 mois, sachant que dans la pratique mon portefeuille est composé à 80% de prêts de moins d’un an (sans pour autant que j’ai mis de filtres en ce sens).
Les types de prêts dans lesquels nous pouvons investir sont :
- Prêts hypothécaires
- Prêts automobiles garantis
- Prêts commerciaux
- Prêts personnels
Dans mon portefeuille, les prêts personnels à court-terme représentent 89% tandis que les prêts commerciaux sont à 10% et les prêts hypothécaires à 1%. C’est d’ailleurs la seule information dont on dispose sur le prêt et l’emprunteur car Iuvo offre assez peu de données à ce niveau.
On ne dispose généralement que de l’âge de l’emprunteur, ce qui est relativement léger comme information compte tenu du fait que la société de prêts fait un minimum d’investigations avant de donner son accord. Seule exception dans le cas des prêts commerciaux où Iuvo affiche davantage de données sur le projet financé.
Voici un exemple des informations dont nous disposons sur chaque prêt :
Vous avez également accès aux contrats de prêts en naviguant vers “Mes investissements” dans le menu de gauche puis en cliquant sur le document correspondant à l’investissement.
Mais quels que soient les types de prêts dans lesquels vous cherchez à investir, il vous faudra passer par l’une des 12 sociétés de prêts de la plateforme dont les conditions proposées varient sensiblement de l’une à l’autre.
Pour avoir plus d’informations sur leurs prêts, je vous invite à lire mon analyse des résultats 2020 de la plateforme Iuvo.
Par contre, si vous souhaitez obtenir des informations officielles sur ces sociétés de crédit, il faut vous rendre sur cette page où les entreprises sont listées. En cliquant sur le nom du “loan originator“, vous obtiendrez alors davantage d’informations sur son marché géographique, son volume de prêts sur la plateforme, ses rapports financiers annuels, etc….
Par exemple, ci-après une capture d’écran de la société EasyCredit, principal fournisseur de prêts l’an passé.
J’en profite pour vous rappeler qu’EasyCredit, tout comme iCredit et VivaCredit, font partie du même groupe que Iuvo, à savoir le Management Financial Group (MFG). Je trouve que c’est un bon signe en soi car elles ont très certainement coordonné leurs stratégies économiques alors que les autres “loan originators” n’ont qu’une simple relation commerciale avec Iuvo.
Où investir avec Iuvo ?
Etant donné que la situation macroéconomique des pays dans lesquels nous investissons peut jouer, il est intéressant de se pencher sur les pays dans lesquels nous investissons via la plateforme Iuvo. Les emprunteurs que l’on peut trouver sur la plateforme sont basés en Lettonie, en Pologne, en Roumanie, en Russie, en Bulgarie, en Géorgie et en Espagne.
Il est donc théoriquement possible de diversifier géographiquement son portefeuille avec pas moins de 7 pays. Mais dans la pratique, on constate qu’une grosse moitié des prêts viennent de Bulgarie (qui est le pays où se trouve la maison-mère de Iuvo) tandis que l’autre moitié se trouve en Pologne, en Roumanie et en Russie. Je n’ai trouvé aucun prêt en Géorgie et en Espagne, mais quelques-uns en Lettonie.
Par ailleurs, il faut noter que près de 40% des prêts disponibles sur la plateforme ne sont pas en euros mais dans d’autres devises comme le lev bulgare ou le rouble russe. C’est pourquoi la plateforme Iuvo nous donne la possibilité d’échanger nos euros contre d’autres devises. Mais sachez que cela rend les rendements de nos investissements imprévisibles, car nous les exposons au risque de change.
Comment investir ?
Comme sur toutes les autres plateformes P2P, l’investissement manuel est proposé par défaut. Ce n’est généralement pas ce qui est recommandé si on se situe dans une optique de revenus passifs mais c’est important de s’y frotter pour bien connaître les options d’investissement de la plateforme.
Iuvo propose un grand nombre de filtres mais tous ne sont pas utiles. Par exemple, la plateforme propose de sélectionner des prêts avec garantie de rachat à 16 et 30 jours mais dans la réalité ces prêts ne représentent qu’une infime partie de ce qui est proposé. En 2020, cela représentait 0,32% des prêts comme je le montre dans mon analyse des résultats 2020 de la plateforme.
Même chose pour les types de prêts qui sont principalement des prêts personnels et souvent de court-terme, donc ne vous limitez surtout pas à des prêts hypothécaires ou à des prêts automobiles, sans quoi vous n’auriez accès à aucun prêt.
Les filtres sur lesquels il faudra se pencher plus attentivement sont les suivants :
Le score du prêt : au contraire de Mintos qui note ses sociétés de prêts, Iuvo note les prêts proposés. Vous avez donc la possibilité de vous positionner sur les classes de prêts suivantes avec pour chacune d’entre elles le risque de défaut associé :
- Class A : 0 – 2%
- Class B : 2 – 10%
- Class C : 10 – 18%
- Class D : 18 – 25%
- Class E : 25 – 35%
- Class HR : above 35%
Le taux d’intérêt : Iuvo a beaucoup communiqué par le passé sur son taux annuel moyen de 9,2%, ce qui m’a toujours étonné étant donné les taux auxquels je prête sur la plateforme. Un conseil : ne vous positionnez pas en-dessous de 9% sachant que la majorité des prêts sont entre 10% et 11%. Et des sociétés de prêts comme iCredit Romania et Kviku prêtent à plus de 13% donc un investisseur qui connaît son affaire devrait se situer entre 11% et 12%.
Pour ma part, mon volume de prêts se répartit de la façon suivante :
- 30% avec un taux d’intérêt entre 10% et 12%
- 40% avec un taux d’intérêt entre 12% et 13%
- 30% avec un taux d’intérêt entre à plus de 13%
Le “loan originator“ : il est important de sélectionner les plus sérieux, ceux qui ont de l’expérience, qui sont profitables et qui proposent des volumes de prêts intéressants. Certaines sociétés rencontrent des soucis et sont à éviter (Monify, CBC/KFP…) tandis que d’autres proposent trop peu de prêts (Adwisers, FastFinance, Ibancar, …).
À noter également qu’une société de prêts comme NordCard propose de rembourser les intérêts générés en cas d’activation de la garantie de rachat.
Globalement, comme évoqué plus haut, je recommanderais de vous orienter vers les sociétés qui font partie du même groupe que Iuvo, car c’est intéressant en termes de solidarité économique et de vision stratégique commune.
La durée du prêt : avant d’investir, il est important de déterminer la durée sur laquelle vous souhaitez investir car vos fonds seront partiellement indisponibles pendant cette période (à moins de les revendre sur le marché secondaire). Au cours du temps, vous serez remboursé d’une partie de votre capital investit (le “principal”) et des intérêts générés. Ceci étant dit, voyons comment calculer cette période d’ “indisponibilité” de vos fonds.
Premièrement, identifiez la périodicité des remboursements “Instalment type” (exprimée en jours) que vous devez multiplier par le nombre de remboursements restants “Term” (prendre le chiffre de gauche). Le résultat donne alors le nombre de jours durant lesquels vont fonds sont mobilisés.
Lors de ma dernière visite sur le site, j’ai pu constater que la majorité des prêts étaient établis sur des périodicités de remboursement de 30 jours (38%), de 14 jours (26%) et de 7 jours (32%).
Tous ces paramétrages peuvent être automatisés grâce à la fonction d’investissement automatique. En positionnant ainsi votre portefeuille en pilotage automatique, vous n’avez pas à choisir les nouveaux prêts sur lesquels investir dès que des fonds vous sont remboursés. La plateforme se charge de réinjecter vos fonds conformément aux critères que vous aurez présélectionnés. D’où l’importance de bien paramétrer vos critères d’investissement en amont.
Ceci est d’autant plus vrai que la durée relativement courte des prêts rendra rapidement les flux de trésorerie assez importants, ce qui oblige les investisseurs à réinvestir très régulièrement. Cela vous demandera donc beaucoup de temps si vous investissez manuellement.
Un défaut assez important à souligner tout de même. L’outil d’investissement automatisé n’est disponible que sur le marché primaire. Tout investissement sur le marché secondaire ne peut se faire que manuellement, ce qui limite son intérêt notamment pour les investisseurs qui recherchent des investissements passifs.
Pour rappel, le marché secondaire est un espace où il est possible de revendre ses prêts ou bien d’en racheter à des investisseurs. C’est notamment utile lorsqu’un investisseur a besoin de liquidités et qu’il souhaite donc revendre ses parts dans des prêts avant que ceux-ci n’arrivent à échéance. Lors de ces échanges, on constate parfois que les vendeurs incluent une prime ou une réduction.
Mais il faut garder à l’esprit que la revente sur ce marché secondaire n’est pas gratuite. Il existe un coût de transaction pour le vendeur s’élevant à 1% du prix annoncé. On retrouve le même type de commission pour revendre sur le marché secondaire chez Mintos tandis que c’est totalement gratuit avec Swaper.
Au jour où je fais cette analyse de Iuvo, je compte environ 30 000 prêts sur le marché primaire et 12 000 sur le marché secondaire. Ces chiffres rassurent quant à la liquidité du marché de prêts sur cette plateforme.
Pour nous aider à investir, Iuvo a également mis en place début 2020 un reporting mensuel dans lequel leurs équipes partagent les performances de la plateforme durant le mois écoulé.
Sont également listées les sociétés de prêts qui sont davantage intervenues en termes de volumes de prêts proposés. Ontrouvera par ailleurs la typologie des prêts. Ces données sont disponibles tant sur le marché primaire que sur le marché secondaire.
Vu que les données statistiques sont le meilleur ami de l’investisseur, ce type de reporting régulier va nous permettre de prendre des décisions éclairées pour élaborer ou améliorer nos stratégies d’investissement.
Iuvo et la gestion du risque
Tout investissement en crowdlending (P2P) est potentiellement à risque, quoi qu’en disent les plateformes ou les investisseurs. Mais il est toujours possible de nous faire notre propre opinion quant au niveau de risque qui nous semble acceptable individuellement. C’est d’ailleurs le risque d’un investissement qui détermine son rendement. Sans risque, inutile d’attendre quel que rendement que ce soit. Si votre livret A est à 0,5%, c’est pour une bonne raison, le risque de perdre votre argent est très faible.
Analysons donc le niveau de risque de la plateforme.
Pour introduire cette analyse, notons tout d’abord que cette plateforme fait partie d’un groupe solide, plus large et expérimenté qui tend à nous donner confiance. Donc la plateforme P2P Iuvo ne sort pas de nulle part. Elle est partie intégrante d’un groupe et répond en cela à une finalité stratégique de la part de ce groupe (Management Financial Group pour rappel).
Autre point extrêmement positif : Iuvo oblige les sociétés de prêts avec lesquelles elle travaille d’avoir un skin in the game élevé, généralement autour de 30% généralement. Ainsi, les sociétés de crédits investissent non seulement à nos côtés mais, en plus, à des niveaux élevés dans tous les prêts qu’elles proposent.
Cette règle est vraiment intéressante car elle garantit que les intérêts de la société de prêts sont étroitement alignés sur les intérêts des investisseurs. On la trouve parfois sur d’autres plateformes comme Mintos mais à des niveaux bien plus bas (5 à 10%).
Par exemple, si une société propose un prêt de 1000€ sur Iuvo, elle est obligée de conserver une participation de 300€ dans ce prêt. Parallèlement, il lui sera possible de proposer aux investisseurs de Iuvo de l’accompagner à hauteur de 700€ dans son investissement.
Par ailleurs, comme beaucoup d’autres plateformes, Iuvo accompagne ses prêts d’une garantie de rachat afin de protéger nos investissements au cas où un emprunteur ferait défaut. S’il tarde à rembourser les échéances de son prêt pendant une certaine durée (16, 30 ou 60 jours selon les prêts), la société de prêts est tenue de rembourser notre capital investi (mais pas les intérêts). Pour la plupart des prêts, la garantie de rachat s’active au bout de 60 jours.
Du coup, si l’emprunteur tarde à rembourser ses échéances pendant une durée supérieure à 16, 30 ou 60 jours (selon le prêt), la société de prêts doit nous rembourser notre capital investi au 17e, 31e ou 61e jour. Par contre, à l’exception de NordCard, les autres sociétés de prêts ne remboursent que le capital (pas les intérêts générés).
Essayons de prendre un exemple pour comprendre la garantie de rachat :
1Vous prêtez 100€ à un emprunteur en Lettonie à 11% qui est censé rembourser ces fonds 6 mois plus tard (la garantie de rachat qui accompagne le prêt est par exemple de 30 jours).
2Tout se passe bien pendant les 3 premiers mois, mais au 4e mois, l’emprunteur tarde à rembourser l’échéance.
3La société de prêts va alors chercher à relancer l’emprunteur pour qu’il règle l’échéance en question.
4Mais si rien ne se passe au bout de 30 jours, alors la garantie de rachat est activée.
5La société de prêts vous rembourse la somme de 100€ (donc sans les intérêts) que vous pouvez au choix réinvestir ou récupérer sur votre compte bancaire personnel.
Au final, il n’y a aucune perte pour l’investisseur mais simplement un manque à gagner puisque notre capital n’aura pas généré d’intérêts.
Parallèlement à ces différents mécanismes de sécurisation, Iuvo a également créé un système de notation des prêts offerts qui est censé nous permettre de prendre de meilleures décisions en fonction de notre stratégie de risque. Mais de mon point de vue ce système est quasiment inutile car les prêts sont pratiquement tous accompagnés d’une garantie de rachat.
Alors certes, sur le principe, cela nous éviterait de tomber sur des prêts qui au final ne généreraient pas d’intérêts. Mais il serait plus judicieux de noter les sociétés de prêts et non les prêts car la garantie de récupérer notre capital investi repose sur ces entreprises avant tout. C’est leur solidité qui détermine la force d’une garantie de rachat.
Notons enfin qu’une très infime minorité de prêts sont accompagnés d’un actif mis en gage (« collateral »). Il existe trois types d’actifs auxquels les prêts peuvent être adossés :
- Voitures (provenant de prêts de voitures garantis)
- Propriété / immobilier (provenant des prêts hypothécaires personnels)
- Actifs commerciaux tels que le stock dans un entrepôt, la trésorerie ou les créances, etc. (provenant de prêts commerciaux)
Améliorations possibles ?
La plateforme Iuvo est assez discrète dans le paysage du crowdlending mais reste pourtant régulièrement nommée par les investisseurs comme faisant partie de leur portefeuille. Il ressort que Iuvo est une plateforme solide et fiable mais que son interface est un peu vieillotte.
L’ajout de graphiques sur notre portfolio
Il est indéniable que Iuvo offre vraiment un certain nombre d’informations sur les prêts listés sur son site. En cela, le site se rapproche de ce que propose Mintos puisqu’on retrouve à peu de choses près les mêmes informations et c’est très appréciable.
Mais les similitudes s’arrêtent là puisque Iuvo se limite à lister nos investissements en proposant des filtres de recherche sans proposer de vue d’ensemble notamment à l’aide de graphiques récapitulatifs. Avec Mintos, on peut voir la distribution de nos investissements par type de prêts, par pays, par société de prêts, ….
Il nous est toujours possible de télécharger un fichier Excel de nos investissements pour ensuite faire nos propres graphiques. Mais du coup, cela devient chronophage de les mettre à jour régulièrement. J’aimerais a minima voir une ventilation de mon capital par type de prêts, par pays et par “loan originator“.
Le paiement des intérêts quand la garantie de rachat est mobilisée
Une autre critique récurrente de la plateforme porte sur la garantie de rachat qui ne couvre pas les paiements d’intérêts. En effet, si l’emprunteur fait défaut, seul le montant de votre capital vous est remboursé. Lorsque la question leur est posée, voici la réponse donnée par Iuvo :
“Il existe deux raisons pour lesquelles nous ne couvrons pas les intérêts avec la garantie de rachat.
La première raison vient du fait qu’un tel système mettrait une pression élevée sur la société de prêts en cas d’activation de la garantie. En conséquence de quoi, les sociétés de prêts réduiraient mécaniquement leurs taux d’intérêt moyens annuels. Or personne ne souhaite que les rendements annuels moyens baissent.
La seconde raison est d’ordre juridique. Notre licence ne permet pas de fournir un produit qui chevauche les conditions du dépôt bancaire. En effet, si nous utilisons une garantie de remboursement à 100% pour le principal et pour les intérêts également, alors notre produit devient le même que pour le dépôt bancaire.“
Analysons ensemble ces deux raisons.
Alors oui, si un emprunteur ne rembourse pas du tout son prêt, cela accroît la pression financière sur la société de prêts puisqu’elle devrait rembourser non seulement le capital mais également des intérêts qu’elle n’aurait pas perçus. Mais ceci n’est valable que dans l’hypothèse où l’emprunteur ne rembourse pas.
Qu’en est-il des situations où l’emprunteur finit par rembourser au bout d’un certain temps ? Dans ce cas, c’est la société de prêts qui récupère le bénéfice de l’intégralité des intérêts, y compris pendant la période où c’est avec notre capital que se faisait l’emprunt.
Donc il serait logique de distinguer les cas où il y a un réel défaut de l’emprunteur des cas où les échéances de remboursement surviennent à nouveau.
Ensuite, le prétexte de ne pas vouloir dupliquer d’autres outils financiers existants peut être facilement contredit. Non seulement d’autres plateformes basées en Estonie comme Swaper rembourse les intérêts via la garantie de rachat, mais ajoutons que Iuvo le fait aussi à l’insu de son plein gré….
En effet, en cas de défaut de paiement, une des sociétés de prêts présente sur Iuvo vous remboursera non seulement le capital mais également les intérêts. Il s’agit d’un des tout derniers “loan originators” arrivés sur la plateforme : NordCard.
Selon Iuvo, si NordCard peut le faire, c’est parce que la société ne propose pas un prêt conventionnel mais un crédit limité rattaché soit à un compte bancaire soit à une carte de crédit.
Personnellement, je n’ai pas été convaincu par leur argumentaire.
Le fonctionnement du marché secondaire
Il s’agit ici de simplement faire remarquer que la plateforme P2P Iuvo propose le pilotage automatisé de ses investissements uniquement sur le marché primaire. Pour ce qui concerne le marché secondaire, tout investissement se fait nécessairement manuellement.
À charge à chaque investisseur de filtrer les prêts listés sur ce marché secondaire et de faire ses choix en fonction des liquidités disponibles. C’est un peu dommage d’en passer par là lorsqu’on est dans l’optique de réaliser des investissements passifs.
Seule consolation : il nous est passé de mettre en place et de sauvegarder des filtres qui nous permettent de rapidement identifier si des prêts nous intéresseraient éventuellement.
Enfin, il y a un autre point noir déjà évoqué pour ce qui concerne ce marché secondaire s’agissant de la commission de 1% sur les transactions (pour le vendeur uniquement).
Mais je peux comprendre que le modèle économique des plateformes nécessite ce type de commissions afin de stabiliser leur structure financière. Le taux de 1% qui correspond environ à un mois d’intérêts reste raisonnable et se justifie par les coûts de mise en place d’un marché secondaire.
La notation de ses sociétés de prêts partenaires
Comme expliqué précédemment, Iuvo note les prêts proposés (en fait les emprunteurs) mais ce système est surprenant étant donné que tous les prêts sont garantis. Et étant donné que la garantie de rachat est aussi forte que la société qui la propose, il serait plus judicieux de noter les sociétés de prêts comme le fait Mintos par exemple.
Si Iuvo développait son propre système de notation, cela permettrait d’accroître la confiance des investisseurs et d’augmenter du coup le portefeuille moyen d’investissement. Car à ce jour, nous pouvons uniquement nous baser sur les rapports financiers disponibles sur la page dédiée aux « loans originators ». Or il existe généralement un fort décalage entre la période auditée et la date à laquelle les informations financières sont disponibles (a minima 6 mois).
Je peux comprendre qu’il est délicat pour Iuvo de noter d’autres sociétés du groupe MFG mais c’est aussi justement une certaine forme d’indépendance et un certain sens critique que nous attendons à l’égard de ces sociétés partenaires. Avec 12 sociétés de prêts listées sur son site, il est grand temps que Iuvo intègre un système de notation permettant de guider les investisseurs.
Plateformes alternatives
Un certain nombre d’investisseurs aiment diversifier leurs investissements et donc se positionner sur différentes plateformes de prêt P2P. Cela leur permet de ne pas mettre tous leurs œufs dans le même panier et de se familiariser avec d’autres mécanismes et d’autres logiques.
Certes Iuvo fait partie de la crème des plateformes mais d’autres sur lesquelles j’investis également s’avèrent tout aussi profitables. Je pense en particulier à :
Réflexions finales
Malgré sa relative jeunesse, Iuvo a su tirer parti de l’expérience d’un grand groupe pour devenir l’une des plateformes préférées des investisseurs en crowdlending. Elle rassemble plus de 24 000 investisseurs pour un montant de prêts avoisinant les 170M€. Et les garanties offertes sont assez sécurisantes puisque tous les prêts sont accompagnés d’une garantie de rachat et parallèlement les sociétés de prêts investissent à nos côtés à hauteur de 30%.
Et n’oublions pas non plus que Iuvo est régulé par le gouvernement estonien.
Mais malgré cette approche relativement conservatrice, je ne peux m’empêcher de noter que l’entreprise ne fait toujours pas de bénéfice. Ce qui est problématique étant donné que d’autres plateformes comme PeerBerry réalisent des profits depuis 2018.
A ce titre, le rapport financier 2020 qui intègrera la période du Covid19 sera déterminant pour la suite de leurs activités. En fonction de l’évolution de leur situation financière, je prendrai la décision d’étendre ou de réduire mon exposition.
Enfin, on ne peut faire l’impasse sur le fait que Iuvo a rencontré des difficultés avec un certain nombre de « loans originators » dans le passé récent.
En Pologne, la société de crédits KFP/CBC a rencontré des difficultés au printemps 2020 très certainement du fait de la crise économique liée au coronavirus. Des procédures sont en cours pour déclarer son insolvabilité et restructurer l’entreprise en vue de la sauver.
Parallèlement, Iuvo a cessé de travailler avec l’initiateur géorgien Business Bank Group en février 2020, après qu’ils aient suspendu les remboursements. Heureusement, seulement 0,4% du portefeuille total de Iuvo est concerné.
Enfin, la situation est un peu plus simple du côté de Monify en Lettonie puisqu’un accord a été conclu afin que la société rembourse ses échéances en trois paiements. Malgré un premier paiement qui s’est réalisé sans encombres, la société traine des pieds pour les deux paiements suivants.
En conclusion, je dirais que Iuvo est une très bonne plateforme pour diversifier mes investissements mais je garde le pourcentage investi minoritaire par rapport à l’ensemble de mon portefeuille. Et j’attends donc d’avoir plus d’informations pour décider de la suite à donner.
Je serais heureux de savoir comment vous positionnez Iuvo dans votre portfeuille de plateformes.
Laissez un mot dans les commentaires et j’y répondrai avec plaisir.
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